Le chemin par où je suis passée...

Assise à mon bureau, aujourd'hui c'est le besoin de vous partager pourquoi j'ai choisi l'Approche Non Directive Créatrice et pourquoi j'ai choisi cette approche dans mon cadre professionnel.

Il y a toujours un moment, des rencontres, des événements de la vie qui font qu'on va prendre tel ou tel chemin.



Je voudrais vous raconter, alors que j'étais jeune infirmière, jeune femme entrant dans ma vie d'adulte, comment des deuils successifs sont venus percuter ma vie. D'abord le décès de ma mère des suites d'un cancer : des mois de souffrance, un traitement tellement lourd à supporter, un corps mutilé, puis la conscience qui quitte peu à peu son corps encore vivant... et la mort. Je perds maman. Quelques mois après, réveillée à 3 heures du matin par la sonnerie du téléphone, mon père m'annonce que mon neveu vient de mourir dans un accident de la route. Encore dans le deuil de ma mère, cette terrible nouvelle résonne comme un coup d'assommoir ! Je reste sans voix, juste avec un vide intérieur immense, n'ayant que l'énergie nécessaire pour me rendre auprès de ma famille. Nous sommes traumatisés, sous le choc. Mais ce n'est pas fini... Trois mois après, je reçois un appel de ma belle-soeur qui me dit que mon frère vient de se suicider. Le mot ébranlée n'est pas assez fort pour  décrire ce que je vivais. J'étais comme en état de choc. A ce moment-là, je ne ressentais plus rien.

Alors, pendant longtemps je me suis coupée de mes émotions. Pourtant j'avais beaucoup d'empathie pour les personnes en fin de vie et les familles endeuillées. Je portais cela au fond de moi, j'avais vraiment à cœur de les aider, les écouter, les accompagner et je le faisais avec beaucoup de professionnalisme et d'amour. Mais moi, j'étais où ? Bien sûr j'ai travaillé sur mes deuils à l'occasion de différentes formations et groupe de paroles. Mais je le "racontais" de façon dissociée, comme extérieure à ces événements. La charge émotionnelle était trop lourde, trop souffrante pour y toucher. C'était un mécanisme de défense qui était à cette période un mécanisme de survie, et je trouve ça tout à fait correct. Je n'avais pas le choix pour continuer à vivre.
 
Jusqu'à ...

Quand j'ai entendu la première fois Colette Portelance à l'occasion
d'une conférence, j'ai été fortement et profondément interpellée quand elle a dit : "Comment je m'occupe de moi, de mes besoins ?" Je prends alors conscience que durant ces nombreuses années, je me suis coupée de ma souffrance liée au traumatisme des deuils successifs. Je m'en suis occupée de "façon détournée" en aidant les autres. Mais moi, alors que je suis la personne avec qui je passe 24h sur 24h, je fuyais ma blessure intérieure. Cette conférence a ouvert une petite brèche dans le mur derrière lequel j'avais tassé mon vécu souffrant. Je décide alors de m'occuper vraiment de moi. Et tout en débutant la formation à l'Ecole Internationale de Formation à l'ANDCmd, je commence un travail avec une thérapeute en relation d'aide selon l'Approche Non Directive Créatrice. Au fur et à mesure des thérapies, à mon rythme, j'apprends à enlever les pierres, parfois les petits cailloux, pour accéder, toucher à ma souffrance. Je vis une véritable libération intérieure.

 Toute cette charge émotionnelle, le sentiment d'abandon, la
culpabilité de n'avoir pas fait assez, qu'inconsciemment je refoulais, j'ai pu l'accueillir et la faire vivre dans tout mon être. Je n'étais plus dans le récit, mais je pouvais dire ce que je ressentais, ce que cela me faisait vivre comme émotions (de la colère, de la tristesse, de la rage parfois, de la peur et de l'amour). Accompagnée avec beaucoup d'empathie, de bienveillance, d'amour, j'ai pu me libérer du carcan dans lequel je m'étais enfermée et aimer cette partie de moi souffrante. Je suis heureuse et fière d'avoir pu faire ce chemin, pas toujours facile, mais tellement libérateur !



C'est ce qui fait ma différence aujourd'hui dans mon travail de thérapeute, c'est que je ne me soigne plus en aidant l'autre, mais j'aide l'autre à trouver son propre chemin de libération. En apprenant à être sensible à moi-même,  je suis d'autant plus sensible à l'autre. Le vécu,  que ce soit la souffrance ou le bonheur de l'autre, vient me toucher. L'aide que je peux apporter n'est pas seulement technique, mais elle est profondément humaine, authentique. 
 


L'essence même de la relation d'aide dans l'ANDCmd est dans la RELATION,
la relation que le thérapeute crée avec son aidé(e).

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